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PARTIE 1
Chapitre 2 :
Mauvais rêve
Mauvais rêve
-Quoi encore ? Dit Naska avec fougue.
-Comment ? Qu’est-ce que tu as ? C’est juste moi, répondit Tina, étonnée du comportement du jeune homme.
-Oups ! Excuse-moi. Je suis énervé. Dit celui-ci honteux.
-Ce n’est rien. Mais que s’est-il passé ? Tu n’es pas avec tes copains ?
-Copains ? Tu parles ! Ils se moquent de moi pour rien. Je leur ai raconté quelque chose et ils se sont payés de ma tête, répondit-il outré, t’appelle ça des copains toi ?
-Heu, bin, je ne sais pas, c’était peut-être pour rire, tu ne crois pas ?
-Ha ha ! C’est super drôle dis moi, répondit-il de mauvaise humeur.
-Oh ! Mais si tu le prends comme ça, je peux te laisser, j’ai d’autres choses à faire. Je voulais juste t’aider.
-Et bien pars ! Si je t’embête.
Elle partit sans un mot de plus, se demandant ce qui s’était réellement passé. Puisque Naska ne voulait pas y mettre du sien, elle le laisserait se débrouiller seul. Et puis pourquoi lui parlait-il comme cela à elle alors qu’elle ne lui avait rien fait ? Tant de questions fourmillaient dans sa tête et restaient sans réponse. La jeune fille se secoua un peu pour penser à autre chose puis se dirigea vers un groupe de fille où elle aperçut quelques unes de ses amies.
Pendant ce temps là, le petit groupe que Naska avait laissé n’avait pas bougé, tous se posaient les même questions : leur ami était-il devenu fou ? Etait-ce vrai ? Non, impossible, ces petits êtres et ce passage -qui menait Dieu sait où- ça n’existe que dans les rêves ! Oui, c’était bien un rêve, et pourtant, Naska essayait de leur prouver le contraire. Cette dispute était vraiment bête, elle n’avait aucun sens. Ce fut Michaël qui prit la parole pour dire ce que tous pensaient :
-On devrait aller le voir, s’excuser et ne plus en parler.
-Oui, mais il va forcément revenir dessus : tu le connais, ça va recommencer, soupira Aurélien.
-Et bien on lui expliquera que nous ne sommes pas en mesure de comprendre, suggéra Daniel, et, sans se fâcher, nous aborderons un autre sujet. Je ne peux pas le laisser comme ça, il a l’air si triste !
-Je vous propose d’essayer plus tard ! Parce que là ça sonne.
-Oui, il vaut mieux prendre du temps pour être sûr de ne pas empirer la situation. Tu as raison Daniel : c’est insupportable de voir une ami triste. Je ne l’avais jamais vu comme ça avant ! Cela doit le tourmenter depuis un moment pour qu’il nous en parle.
Daniel et Michaël approuvèrent d’un signe de tête et tous trois se dirigèrent vers le rang. Ils virent Naska tout seul derrière, il semblait bouder.
En réalité, il était en colère contre lui-même, contre ses compagnons de bande et également contre sa meilleure amie, ce qu’il regrettait terriblement, et à la fois il était honteux. Il vit ses camarades devant mais il ne les rejoignit pas, pas tout de suite, il désirait d’abord réfléchir seul. Il avait conscience de s’être comporté stupidement mais ne voulait pas s’excuser en premier, il attendrait.
Le professeur arriva et tous entrèrent en classe. Parmi les membres de la petite bande, aucun n’arrivait à se concentrer sur les exercices donnés, ils restaient préoccupés par les évènements précédents. Ainsi se poursuivit donc le cours de français. La fin du cours arriva et suivit celui d’histoire ; qui se déroula dans les mêmes conditions. Quand enfin ce fut midi, Naska se dépêcha de ranger ses affaires et sortit ; contrairement à ses amis, lui, rentrait chez lui pour manger.
-Naska ? Que se passe-t-il ? S’étonna sa mère en le voyant arriver.
-Rien, ça ne regarde que moi, grogna-t-il d’une humeur massacrante.
-Ne me mens pas, tu sais que je te connais mieux que n’importe qui ! Et je vois que tu as un problème. Je peux peut-être t’aider.
-Oui je le sais et je m’en passerais bien. Non tu ne peux pas m’aider cette fois, je te l’ai déjà dit, ça ne regarde QUE MOI.
Naïla avait l’art de toujours voir quand son fils avait un problème. En l’occurrence là, même sans cette qualité elle l’aurait vu. Elle en déduisit qu’il y avait eu une dispute entre ses amis et lui, ce qui n’arrivait quasiment jamais. La jeune femme décida de les aider indirectement, mais pour cela il fallait qu’elle sache de quel genre de querelle il s’agissait. La mère de l’adolescent voyait surtout que son enfant avait beaucoup de remords, ça aiderait sûrement à la réconciliation. Elle changea de sujet pour calmer la tension et servit le repas.
Naska mangea en silence, il hésitait entre tout raconter à sa mère, qui saurait quoi faire, ou ne rien dire. Il avait remarqué la manière habile dont elle posait ses questions pour savoir indirectement ce qui s’était passé, mais il les évitait en se plongeant avec une intense concentration sur le contenu de son assiette. Au bout de dix minutes, il n’y tint plus, c’en était trop pour lui, il leva le nez de son assiette et plongea ses yeux dans le regard protecteur de sa mère, qui l’incitait à tout raconter, et commença :
-Bon alors ça s’est passé ce matin, à la récré, j’ai raconté un truc à Michaël, Aurélien, et Daniel… Et ils se sont moqués de moi, alors que je leur avais fait promettre, même pas deux minutes avant, de ne pas se moquer ! Ils n’ont pas tenu leur promesse. S’indigna-t-il. C’était un truc super important et là, Pam ! Ils rigolent ! Pas loupé ! Et ils me prennent pour un débile maintenant.
-Et quel est ce "truc" ? Questionna Naïla pensive à propos des révélations de son fils.
-C’est… C’est, bégaya-t-il, mais toi aussi tu vas dire que ce n’est pas vrai, que ce n’est qu’un rêve, que…
-Non, le coupa-t-elle, tu as commencé à me raconter, donc maintenant tu continues. J’aurais honte de me moquer de toi ! Une mère qui se moque de son enfant, c’est du jamais vu !
Il lui relata donc tout, son rêve, depuis combien de temps il le faisait, les sentiments qu’il éprouvait à chaque fois et comme prévu, elle ne se moqua pas, au contraire : elle avait semblé soucieuse, au cours du récit elle avait hoché la tête à plusieurs reprises, comme si elle voyait de quoi il parlait. Cette fois, c’était au tour de Naska de poser des questions. Il regarda de nouveau sa mère droit dans les yeux, d’un regard implorant :
-Je vais peut-être dire quelque chose de bête mais, quand je t’ai raconté mon rêve, j’ai eu l’impression que tu savais de quoi je parlais, que… Que tu avais déjà vécu une histoire de ce genre ou je ne sais pas quoi qui y ressemble en tout cas, qu’on t’a raconté peut-être ?
Naïla se pinça les lèvres et se maudit intérieurement de son manque de discrétion émotionnelle, il ne devait pas être au courant, pas tout de suite. Elle lui mentit donc et dit, en essayant de paraître le plus naturel possible, qu’étant petite elle faisait parfois des rêves et que ses copines se moquaient d’elle, mais ses rêves à elle n’avaient rien à voir.
Naska était désespéré, il avait pensé que sa mère avait fait les mêmes rêves, en voyant son attitude, mais elle affirmait que non. Il était sur le chemin du collège quand soudain, tout bascula devant lui, tout devint noir, les bruits semblaient lointains. Il entendit le cri d’une femme appelant à l’aide, celui d’un homme au téléphone, puis il sombra dans l’inconscience. Il entra dans une espèce de transe où il fit de nouveau le même rêve, encore plus net que les précédents, cette fois il vit que les deux personnages avaient une mine terrifiée, angoissée, ce qu’il n’avait pas remarqué auparavant. Ils semblaient pressés, à l’instar des porteurs de mauvaises nouvelles. Comme d’habitude, tout finit par devenir noir, mais il ne se réveilla pas pour autant.
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